Marcel Godard

Sa vie

Marcel Godard est né dans l’Ain à Saint-Didier-sur-Chalaronne le 2 mars 1920. Après avoir suivi les cours du Conservatoire National de Musique de Paris, il devient prêtre du diocèse de Lyon. Prêtre et musicien : telle est sa vocation.

Compositeur, organiste, chef de chœur, il est nommé Maître de Chapelle de la Primatiale Saint-Jean en 1958, où il animera les différents chœurs pendant une trentaine d’années.

Il fut président de l’Union Fédérale Française de Musique sacrée de 1972 à 1978 et codirigea avec le Père Louis Bouiller l’Institut de Musique Sacrée de Lyon.

Avec le Père Bouiller il anima également les camps chantants à Cordon (Haute Savoie).
Il cède la direction de la Maîtrise de la Primatiale Saint-Jean et du Chœur Mixte de la Primatiale à Jean-François Duchamp en 1974.
Mais il continue de rayonner et de composer notamment des cantates religieuses et profanes, des hymnes, des psaumes, et à l’occasion de la venue du Pape Jean-Paul II à Lyon en 1986…
Il décède à Lyon chez Les Petites Sœurs des Pauvres (Croix-Rousse) le 16 février 2007.

Marcel Godard était un homme de recherche, d’ouverture, de dialogue, de grande spiritualité, mais aussi d’engagement humain et social.

Le 25 juillet 2006, il envoyait à la revue Caecilia « quelques pages pour évoquer sa vie et pour évaluer la période vécue de 1940 à 2006, en matière de renouveau du chant liturgique français » . Il en transmettait un double à des amis, accompagné d’un commentaire : « ce document met en ordre finalement ce que j’ai fait... ». Publié ultérieurement dans une autre revue à la fin d’un article sur Marcel-Joseph Godard16, il a aussi été mis en ligne par L’Association des Amis du Père Marcel-Joseph Godard.

Dans ces textes, plusieurs expressions résument ces convictions, concernant le chant, le mot, la relation entre l’esthétique et le sacré. « La meilleure musique liturgique – mais de grâce que ce soit un art véritable – sera celle qui jaillira du mot, qu’elle épanouira sans le développer plus que ne l’exige l’action »

Ses Convictions musicales

1ère conviction sur le chant

Le chant ne portera son fruit d’action de grâce ou de supplication, de nourriture, que s’il est lié à la Parole, comme une main est liée à l’autre. A tel point qu’il faudrait presque inverser et dire que la Parole est la main principale, et la musique la main secondaire qui est là pour informer l’autre, la dilater, la colorer, la rendre lyrique. D’où l’axiome bien connu : ce qui déterminera le choix d’un chant liturgique, ce sera le texte avant la musique. Et une conséquence immédiate va en découler : la musique n’est pas maîtresse en liturgie, elle joue un rôle de servante. En conclusion, la meilleure musique liturgique- mais de grâce que ce soit un art véritable – sera celle qui jaillira du mot, qu’elle épanouira sans le développer plus que ne l’exige l’action.

2ème conviction sur le mot

La musique surgit du mot, surtout quand ce mot est la Parole de Dieu elle-même, comme il arrive si souvent quand nous chantons les psaumes ou les cantiques de la Bible. Et quand il ne s’agit pas de la Parole de Dieu, ce sera une parole d’homme, d’un croyant, d’un poète. Mais s’il y a, hélas, des paroles vides, remplies de clichés, quelques-unes portant une théologie douteuse, ou même infantile, il existe heureusement, des paroles d’homme fortes et poétiques. Le génie français de la langue est soucieux de clarté, de brièveté, de qualité ; il a toutes ses chances dans le domaine liturgique. Et soit dit en passant, il est dommage que Debussy et Ravel n’aient pas écrit pour la liturgie. Ils n’étaient pas croyants. Poulenc l’a fait, génialement, et en français, dans ses Litanies à la Vierge Noire et ses Petites prières de saint François d’Assise. J’ai donc cherché l’accent juste, surtout dans les consonnes d’attaque… Là-dessus j’ai eu la joie d’être approuvé par Paul Claudel dont j’ignorais la doctrine. Ce qui importe dans le mot, ce n’est pas la voyelle, c’est la consonne… Les consonnes lancent le mot, elles le font percuter. Chaque mot contient en puissance sa ligne mélodique. En lui surajoutant une ligne mélodique opposée à la sienne, on paralyse son envol.

3ème conviction sur la merveille de l’art et pourtant sa finalité relative au regrad de l’amour

Jamais tout d’abord le message évangélique ne pourra se confondre avec un message esthétique. Il n’est que de relire le discours de saint Paul, debout au milieu de l’Aréopage d’ Athènes pour s’en convaincre : « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines comme s’Il avait besoin de quoi que ce soit, Lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses … » Il est bien entendu que pour moi qui suis prêtre et musicien, l’essentiel est d’aimer, d’aimer Dieu, d’aimer les autres ; la première béatitude n’est pas à l’adresse de ceux qui font du beau, mais à l’adresse de ceux qui sont pauvres de coeur, l’un n’excluant pas l’autre, bien au contraire, comme chez nos deux récents bienheureux : Fra Angelico et André Roublev. Que de fois aussi, les plus grands dans le domaine de l’art sont les plus effacés dans la vie !

4ème conviction sur les liens entre l’esthétique et le sacré

« Concilier l’exigence du beau avec les besoins du quotidien », voilà ce qu’a été ma tâche de prêtre et de musicien et je puis affirmer que cela est possible dans certaines conditions, qui ne sont pas toujours réalisables, mais qui ne sont pas du domaine de l’impossible. Cependant, on n’oubliera pas que les sept présupposés à toute création liturgique sont :

– la présence d’une Eglise vraiment évangélique,
– une symbolique essentielle et à jour,
– une vie communautaire engagée,
– une foi désinstallante,
– le courage et la spontanéité de l’expérimentation ( légitimée par l’essence dynamique de la liturgie),
– la connaissance artisanale des techniques et la compréhension tolérante des esthétiques d’avant-garde,
– la faculté, par exemple, de joindre un matériel musical sonore peut-être ancien à un esprit nouveau, chercheur, créatif.

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Sa vie

Marcel Godard est né dans l'Ain à Saint-Didier-sur-Chalaronne le 2 mars 1920. Après avoir suivi les cours du Conservatoire National de Musique de Paris, il devient prêtre du diocèse de Lyon. Prêtre et musicien : telle est sa vocation.

Compositeur, organiste, chef de chœur, il est nommé Maître de Chapelle de la Primatiale Saint-Jean en 1958, où il animera les différents chœurs pendant une trentaine d’années.

Il fut président de l’Union Fédérale Française de Musique sacrée de 1972 à 1978 et codirigea avec le Père Louis Bouiller l’Institut de Musique Sacrée de Lyon.

Avec le Père Bouiller il anima également les camps chantants à Cordon (Haute Savoie).
Il cède la direction de la Maîtrise de la Primatiale Saint-Jean et du Chœur Mixte de la Primatiale à Jean-François Duchamp en 1974.
Mais il continue de rayonner et de composer notamment des cantates religieuses et profanes, des hymnes, des psaumes, et à l’occasion de la venue du Pape Jean-Paul II à Lyon en 1986...
Il décède à Lyon chez Les Petites Sœurs des Pauvres (Croix-Rousse) le 16 février 2007.

Marcel Godard était un homme de recherche, d'ouverture, de dialogue, de grande spiritualité, mais aussi d'engagement humain et social.

Le 25 juillet 2006, il envoyait à la revue Caecilia « quelques pages pour évoquer sa vie et pour évaluer la période vécue de 1940 à 2006, en matière de renouveau du chant liturgique français » . Il en transmettait un double à des amis, accompagné d'un commentaire : « ce document met en ordre finalement ce que j'ai fait... ». Publié ultérieurement dans une autre revue à la fin d’un article sur Marcel-Joseph Godard, il a aussi été mis en ligne par L’Association des Amis du Père Marcel-Joseph Godard.

Dans ces textes, plusieurs expressions résument ces convictions, concernant le chant, le mot, la relation entre l’esthétique et le sacré. « La meilleure musique liturgique – mais de grâce que ce soit un art véritable - sera celle qui jaillira du mot, qu’elle épanouira sans le développer plus que ne l’exige l’action »

Ses Convictions musicales

1ère conviction sur le chant

Le chant ne portera son fruit d’action de grâce ou de supplication, de nourriture, que s’il est lié à la Parole, comme une main est liée à l’autre. A tel point qu’il faudrait presque inverser et dire que la Parole est la main principale, et la musique la main secondaire qui est là pour informer l’autre, la dilater, la colorer, la rendre lyrique. D’où l’axiome bien connu : ce qui déterminera le choix d’un chant liturgique, ce sera le texte avant la musique. Et une conséquence immédiate va en découler : la musique n’est pas maîtresse en liturgie, elle joue un rôle de servante. En conclusion, la meilleure musique liturgique- mais de grâce que ce soit un art véritable – sera celle qui jaillira du mot, qu’elle épanouira sans le développer plus que ne l’exige l’action.

2ème conviction sur le mot

La musique surgit du mot, surtout quand ce mot est la Parole de Dieu elle-même, comme il arrive si souvent quand nous chantons les psaumes ou les cantiques de la Bible. Et quand il ne s’agit pas de la Parole de Dieu, ce sera une parole d’homme, d’un croyant, d’un poète. Mais s’il y a, hélas, des paroles vides, remplies de clichés, quelques-unes portant une théologie douteuse, ou même infantile, il existe heureusement, des paroles d’homme fortes et poétiques. Le génie français de la langue est soucieux de clarté, de brièveté, de qualité ; il a toutes ses chances dans le domaine liturgique. Et soit dit en passant, il est dommage que Debussy et Ravel n’aient pas écrit pour la liturgie. Ils n’étaient pas croyants. Poulenc l’a fait, génialement, et en français, dans ses Litanies à la Vierge Noire et ses Petites prières de saint François d’Assise. J’ai donc cherché l’accent juste, surtout dans les consonnes d’attaque… Là-dessus j’ai eu la joie d’être approuvé par Paul Claudel dont j’ignorais la doctrine. Ce qui importe dans le mot, ce n’est pas la voyelle, c’est la consonne… Les consonnes lancent le mot, elles le font percuter. Chaque mot contient en puissance sa ligne mélodique. En lui surajoutant une ligne mélodique opposée à la sienne, on paralyse son envol.

3ème conviction sur la merveille de l’art et pourtant sa finalité relative au regrad de l’amour

Jamais tout d’abord le message évangélique ne pourra se confondre avec un message esthétique. Il n’est que de relire le discours de saint Paul, debout au milieu de l’Aréopage d’ Athènes pour s’en convaincre : « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines comme s’Il avait besoin de quoi que ce soit, Lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses … » Il est bien entendu que pour moi qui suis prêtre et musicien, l’essentiel est d’aimer, d’aimer Dieu, d’aimer les autres ; la première béatitude n’est pas à l’adresse de ceux qui font du beau, mais à l’adresse de ceux qui sont pauvres de coeur, l’un n’excluant pas l’autre, bien au contraire, comme chez nos deux récents bienheureux : Fra Angelico et André Roublev. Que de fois aussi, les plus grands dans le domaine de l’art sont les plus effacés dans la vie !

4ème conviction sur les liens entre l’esthétique et le sacré

« Concilier l’exigence du beau avec les besoins du quotidien », voilà ce qu’a été ma tâche de prêtre et de musicien et je puis affirmer que cela est possible dans certaines conditions, qui ne sont pas toujours réalisables, mais qui ne sont pas du domaine de l’impossible. Cependant, on n’oubliera pas que les sept présupposés à toute création liturgique sont :

– la présence d’une Eglise vraiment évangélique,
– une symbolique essentielle et à jour,
– une vie communautaire engagée,
– une foi désinstallante,
– le courage et la spontanéité de l’expérimentation ( légitimée par l’essence dynamique de la liturgie),
– la connaissance artisanale des techniques et la compréhension tolérante des esthétiques d’avant-garde,
– la faculté, par exemple, de joindre un matériel musical sonore peut-être ancien à un esprit nouveau, chercheur, créatif.

Ils l’ont inspiré

J.S. Bach
Francis Poulainc
Olivier Messiaen
Krzysztof Penderecki
Patrice de la tour du pin
Sœur Marie-Pierre Faure
Maurice Ravel
Arthur Honneger
Pierre giriat
Gunther Ramin
Armand Werklé
August le Guennant
Edouard Souberbielle
Norbert Dufourcq
Gaston Litaize
Valery Claudel Péguy

Ils ont travaillé avec lui

Père Louis Bouiller
Didier Rimaud
George Beyron
Henry Dumas
Joseph Reveyron
Jean-François Duchamp
Marie-Thérèse et Gérard Tracol
Jean-Louis Florentz
Laurent Grégoire
Micky Maillet
Joseph Gelinoua
Sebastien Deyrieux
Gerhard Dickel
Jef Marthouret
Claude Rozier
Joseph Roucairol
Abbaye de Tamié
Abbaye de Pradines
Carmel de Mazille

Ils sont à la suite

Thibaut Louppe
Loic Mallié
Emmanuel Magat
Charlotte Legrand
Simon Héberlé
Christian Carret
Clément Cédric
Jean-Pierre Longue
Dominique Tulipe

Ils l'ont inspiré

J.S. Bach
Francis Poulainc
Olivier Messiaen
Krzysztof Penderecki
Patrice de la tour du pin
Sœur Marie-Pierre Faure
Maurice Ravel
Arthur Honneger
Pierre giriat
Gunther Ramin
Armand Werklé
August le Guennant
Edouard Souberbielle
Norbert Dufourcq
Gaston Litaize
Valery Claudel Péguy

Ils ont travaillé avec lui

Père Louis Bouiller
Didier Rimaud
George Beyron
Henry Dumas
Joseph Reveyron
Jean-François Duchamp
Marie-Thérèse et Gérard Tracol
Jean-Louis Florentz
Laurent Grégoire
Micky Maillet
Joseph Gelinoua
Sebastien Deyrieux
Gerhard Dickel
Jef Marthouret
Claude Rozier
Joseph Roucairol
Abbaye de Tamié
Abbaye de Pradines
Carmel de Mazille

Ils sont à la suite

Thibaut Louppe
Loic Mallié
Emmanuel Magat
Charlotte Legrand
Simon Héberlé
Christian Carret
Clément Cédric
Jean-Pierre Longue
Dominique Tulipe

A la suite de Marcel Godard